Mohamed Talib : «Les pourparlers sur l’avenir du Sahara doivent avoir lieu entre le Maroc et l’Algérie»
Mohamed Talib : «Les pourparlers sur l’avenir du Sahara doivent
avoir lieu entre le Maroc et l’Algérie»
Mohamed Talib estime que les réunions informelles
prévues par M. Ross doivent avoir lieu entre le Maroc et l’Etat qui décide de
tout à la place du Front séparatiste, l’Algérie. la MINURSO
ALM : A l’issue de sa visite, Christopher Ross s’est montré optimiste. Qu’en
pensez-vous?
Mohamed Talib : La visite de Christopher Ross dans la région intervient
dans un climat de blocage de la part du Polisario qui met les mains et les
pieds pour réduire l’impact de la proposition marocaine d’autonomie. Une
proposition qui a redynamisé le dossier du Sahara. Les réunions informelles
s’assignent comme objectif de rapprocher les positions des parties en
perspective d’un prochain round de négociation. Comme à l’accoutumée, le Maroc
a fait preuve de sa prédisposition de façon spontanée à l’appel de l’émissaire
onusien. Ce qui montre que le Royaume a une volonté crédible pour résoudre le
conflit. Reste à savoir, est- ce que le Polisario changera sa position? Pour
l’instant, nous avons entre les mains toutes les données qui prouvent le
contraire, notamment les sorties médiatiques, la menace d’utiliser les
agissements dans la zone démilitarisée et la répression de l’opinion contraire.
Récemment, nous avons constaté la disparition depuis janvier dernier de l’un
des dirigeants du Polisario, Ibrahim Khalil, tout simplement parce qu’il a
exprimé une opinion contraire aux positions du Polisario. C’est l’Algérie qui
détient le pouvoir de décision. D’ailleurs, les pourparlers sur l’avenir du
Sahara doivent avoir lieu entre le Maroc et l’Algérie. La communauté
internationale sait que c’est l’Algérie qui bloque le processus de paix.
D’ailleurs, Christopher Ross a entamé sa tournée maghrébine en se rendant
directement à Alger.
Le Polisario et l’Algérie avaient bloqué le processus de négociation suite aux
affirmations de Peter van Walsum, constatant le refus de l’offre du Polisario.
Qu’est-ce qui les empêcherait d’être à nouveau la source du blocage?
Les responsables du Front séparatiste ne sont pas prédisposés à contribuer au
règlement du conflit par la voie des négociations. Ils ne cessent de se dérober
à leurs engagements. Le Polisario souhaite se débarrasser de tous les acquis et
de revenir à la case départ. Pour sa part, le Maroc ne veut plus simplement
négocier mais parvenir à une solution définitive. Nous voulons des négociations
substantielles tel que prévu par la dernière résolution de l’ONU. Le Polisario
a récemment fait tout son possible pour perturber la position du Maroc. Il a
ainsi essayé de jouer la carte des droits de l’Homme et a appelé la
communauté internationale à élargir les compétences de
Des observateurs parlent de l’intervention de certains Etats qui pourraient
accueillir les réunions informelles. Quel commentaire en faites-vous?
Je pense que le lieu de la tenue des réunions informelles n’a pas une grande
importance. Le problème se pose au niveau de la volonté chez nos voisins
d’aller de l’avant. La position du Maroc est claire. Du côté du Polisario, on
peut se demander : à quel niveau les décisions sont prises? Chacun sait que la
position du Polisario s’impose à la population depuis 30 ans. Les congrès de ce
Front constituent une affaire montée de toutes pièces. Le Polisario n’a pas
d’institutions réelles car c’est l’Algérie qui prend la décision à sa place.
Pourquoi à votre avis l’Algérie bloque le processus de paix dans la région ?
Ce qui dérange l’Algérie c’est la réussite de la proposition marocaine d’autonomie.
Il faut savoir qu’au cas où la proposition marocaine sera mise en œuvre,
l’Algérie sera appelée à faire de même pour son territoire, alors qu’elle n’est
pas prête pour cela.
Les revendications d’autonomie en Algérie sont multiples. C’est le cas des
Kabyles et des Touaregs. Mais, Bouteflika a-t-il le courage de proposer une
offre d’autonomie identique à celle du Maroc?
Plusieurs organisations ne cessent d’attirer l’attention sur la situation de
la population séquestrée à Tindouf. Qu’en pensez-vous ?
Les conditions dans lesquelles vivent les populations séquestrées de Tindouf
sont alarmantes. C’est un espace de non-droit. Les pratiques d’esclavagisme
règnent toujours dans ces camps. Des hommes sont devenus des esclaves juste
parce qu’ils sont de couleur noire. On constate l’absence des organisations des
droits de l’Homme, absence des médias, et il y a une présence massive des
services de renseignement algériens. Le HCR est toujours interdit de recenser
la population des camps de Tindouf et ce afin de détourner les aides
internationales humanitaires.
Récemment, l’UE a accordé une aide de 143 millions d’euro. Mais est-ce que ces
aides parviennent réellement aux personnes qui les méritent !
d'apres ALM.